Carrières

La région de la Vallée du Geer

La région de la Vallée du Geer, et en particulier la montagne Saint-Pierre, est un joyau écologique et géologique. Elle est caractérisée par des formations géologiques uniques, des pelouses calcaires et une grande variété d’espèces animales et végétales. Les pelouses calcaires constituent un habitat naturel rare pour les plantes et les arbustes, qui offrent également des habitats pour de nombreuses espèces animales, dont certaines sont rares et menacées. La région est également remarquable sur le plan géologique, avec ses falaises de calcaire qui offrent des paysages spectaculaires et des formations géologiques remarquables.

Malheureusement, la région est menacée par les activités d’extraction de calcaire dans les carrières situées à proximité. Les carrières ont un impact négatif important sur l’environnement, la géologie et les habitants de la région. Les travaux de terrassement perturbent le sol et les nappes phréatiques, entraînant une perte de biodiversité et affectant la qualité de l’eau et de l’air. Les activités de transport nécessaires pour transporter les matériaux extraits ou de remblayage causent des nuisances sonores et une augmentation du trafic toujours croissante, qui affectent la qualité de vie des habitants et les activités économiques locales existantes et futures.

Il est donc crucial de mettre en place des mesures de conservation et de contrôle, pour préserver la région et la qualité de vie des riverains: des pratiques d’exploitation durables, des activités de transport réglementées, la mise en place de zones tampons autour des carrières, des normes environnementales strictes pour protéger les formations géologiques, etc. Il est donc de notre devoir citoyen de défendre notre patrimoine naturel et de protéger la Vallée du Geer pour les générations futures.

Marnebel

La carrière de Marnebel est située à Eben-Emael en Belgique, sur le plateau calcaire de la Montagne Saint-Pierre, à proximité de réserves naturelles protégées. Couvrant une superficie d’environ 22 hectares, la carrière est enclavée entre les rivières Meuse et Geer, et a été exploitée depuis les années 1950. Elle est aujourd’hui la propriété de la multinationale Sibelco et de Hermans Marc. Le permis d’exploitation actuelle n’est pas valide depuis plus de 25 ans. Malgré une tentative de régularisation déposée en 2018 qui a obtenu un refus de la Région wallonne (et un second refus en recours), les exploitants continuent l’extraction. L’exploitation de la carrière est donc en total infraction et personne ne fait appliquer la loi!

En 2022, les exploitants ont présenté une nouvelle demande de permis d’exploitation. Cette demande vise la continuité de l’activité d’extraction, tout en mettant l’accent sur la réhabilitation du site. La réhabilitation proposée par Sibelco équivaut à un remplissage important de la carrière. En ce faisant, des valeurs historiques, géologiques et paléontologiques disparaîtront de façon irréparable sans valoriser le potentiel écologique du site actuel. De plus, l’apport de terres externes nécessiterait un important trafic de camions, jusqu’à 80 mouvements par jour en moyenne pendant 20 ans: c’est inacceptable pour la sécurité et le bien-être des habitants des villages traversés. Des routes alternatives ont été envisagées, mais se sont avérées peu réalistes. L’apport de terres externes dans la carrière de Marnebel est donc inacceptable.

Après plusieurs consultations infructueuses avec les responsables de Sibelco, notre association intente maintenant une action en justice, notamment une action de cessation environnementale, contre cette carrière qui opère sans permis valide.

CBR Romont

CBR est une filiale du Groupe Heidelberg, producteur multinational de granulats et acteur mondiale dans les secteurs du ciment et du béton prêt à l’emploi. Depuis les années 1970, CBR exploite la carrière de Romont, le long de la dorsale d’Eben-Emael (Wallonie) et de Zussen (Riemst, Flandre). La carrière s’étend déjà sur près de 200ha. Une demande d’extension de 95ha – qui permettra l’exploitation de la carrière pour les vingt prochaines années – est en cours. Cette demande concerne une zone agricole située entre Eben-Emael et Zussen et jusqu’à la frontière avec Kanne (Riemst, Flandre). Il s’agit de la destruction irréversible d’un sol fertile – également propice à la viticulture – dans une zone à grand potentiel touristique et à grande valeur géologique et naturelle, dont la zone du Trou Loulou.

Une éventuelle extension de la carrière n’est envisageable que si le CBR respecte les conditions des permis d’exploitation actuellement en vigueur ainsi que ses engagements de réaménagement de la carrière. Or, ce n’est pas le cas. En janvier 2022, notre ASBL a porté plainte officielle auprès du Parquet contre plusieurs infractions.

De plus, début 2024, CBR a fait une demande pour modifier les conditions du permis et régulariser certaines infractions de façon tacite. Notre pétition a obtenu plus de 300 signatures de citoyens inquiets, et un recours formel a été introduit auprès des autorités compétentes.

Nous continuons à suivre les deux dossier de près, afin de protéger la qualité de vie et la nature en Vallée du Geer.

Bee Green Wallonia

Parallèlement à la demande d’extension à la carrière Romont par CBR, Bee Green Wallonia a demandé un permis pour l’exploitation d’une installation d’incinération de déchets de bois sur le site de CBR à Lixhe. Cette centrale électrique est destinée à fournir de l’énergie à la cimenterie.

L’incinérateur brûlera du bois de classe B, une classification qui n’est formellement reconnue en Wallonie. Aucune procédure ni aucun contrôle de qualité indépendant ne garantit l’exclusion du bois imprégné et toxique.

Ce permis a été accordé en juillet 2023, malgré l’opposition de nombreux citoyens, autorités et organisations en Wallonie, en Flandre et aux Pays-Bas, et sans tenir compte des objections de divers gouvernements flamands et néerlandais.

En septembre 2023, Bien vivre en Vallée du Geer a mené un consortium de 10 partenaires, qui ont soumis un recours au Conseil d’État contre ce permis. Une décision est attendue en 2024.

Mesurer, c’est savoir: qualité de l’air en Basse-Meuse

En collaboration avec l’université de Maastricht, nous avons débuté en 2024 l’installation de senseurs auprès de nos membres, pour mesures les poussières fines. Vingt senseurs autour de l’usine de CBR publiront en continu les mesures de poussières fines sur ce site web. L’analyse des données sera faite en collaboration avec l’université. À terme, nous pensons ajouter des capteurs pour mesurer le bruit. Plus d’informations suivront.

Les nuisances des carrières

Les carrières de Marnebel et de Romont risquent de couvrir pas moins de 40% du territoire du village d’Eben-Emael. Ils ont aussi un impact important sur les villages environnants.

La pollution de l’air : Les activités d’extraction polluent l’air par des émissions de poussière et de particules fines. Ces particules peuvent causer des problèmes respiratoires tels que l’asthme, la bronchite et les infections des voies respiratoires. Certaines maisons sont situées à 100m de la carrière, deux écoles primaires seulement à 400m.

Les nuisances sonores : L’exploitation de la carrière entraîne des niveaux de bruit élevés, ce qui affecte la qualité de vie des habitants des villages avoisinants, déjà impactés par les aéroports de Bierset et Maastricht.

Les vibrations causées par les activités d’extraction et de transport affectent les structures des bâtiments environnants. Les riverains savent qu’actuellement la dévaluation immobilière de leurs biens n’est compensée par aucune indemnité.

La dégradation du paysage : L’exploitation des carrières détruit des zones boisées (vergers, haies,..) et d’autres habitats naturels, ce qui affecte la biodiversité et le caractère esthétique de la région.

Les impacts sur la circulation : Les activités de transport de la carrière entraînent des congestions de trafic, la dégradation des routes, des risques d’accidents routiers. En 2022, un cycliste a perdu la vie cet été suite à accident avec un camion de carrière.

Les risques environnementaux, sanitaires et de biodiversité associés à l’exploitation des carrières du Romont (CBR) et de Marnebel, ont été négligés pendant de nombreuses années. Les demandes de permis d’extension pour ces carrières sont particulièrement alarmantes, car elles impliquent une extension de l’activité d’extraction avec un activité de remblayage avec des terres « externes ».

Ces terres peuvent contenir des contaminants toxiques tels que des métaux lourds, des hydrocarbures et des produits chimiques. La pollution des sols et des eaux souterraines est l’un des risques les plus évidents, ainsi que des risques de problèmes de santé quand les contaminants sont inhalés ou ingérés (par des travailleurs des carrières ou des résidents locaux).

En outre, les terres externes peuvent contenir des espèces invasives ou des pathogènes menaçant la faune et la flore locales.

L’instabilité des remblais est également un risque important, car les terres externes peuvent ne pas être compatibles avec la géologie locale.

Bref: il est important de prendre en compte ces risques environnementaux, sanitaires et de biodiversité associés à l’exploitation des carrières du Romont (CBR) et Marnebel, et de trouver des solutions alternatives pour répondre aux besoins de construction et d’infrastructure tout en protégeant l’environnement et la santé publique.

L’association exige des conditions strictes pour l’exploitation des deux carrières.

Tout d’abord, des garanties doivent être mises en place pour assurer la réalisation de la situation finale. Cette situation finale doit être acceptable pour les 3000 riverains concernés. Cela signifie qu’il doit y avoir une transparence totale sur les plans d’exploitation et de réaménagement, et que les résidents doivent être consultés tout au long du processus.

Nous voulons aussi que le développement économique durable soit garanti à long terme.

Les valeurs écologiques et patrimoniales des sites doivent également être protégées, ce qui implique la mise en place de mesures pour limiter l’impact sur l’environnement.

L’association insiste également sur l’importance d’une réintégration harmonieuse des sites avec les villages voisins. Des garanties doivent être mises en place pour assurer le respect des conditions d’exploitation et pour protéger l’aspect rural de nos villages et l’agriculture locale.

En somme, l’association insiste sur le fait que l’extension de la carrière ne peut être envisagée que si toutes ces conditions sont remplies, afin de protéger les intérêts des riverains, de l’environnement et de l’économie locale.